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J’ai appris à mes dépends qu’il n’était pas possible de faire ce que l’on veut de la langue française. Aligner des mots comme on associe des couleurs, juste parce que ça sonne bien à l’oreille, ce n’est pas tenable. Soit. Il faut donc du sens. Tout le temps. Toujours. Mais enfin… Si tous ceux qui écrivent ici ou ailleurs n’avaient QUE des choses passionnantes à dire, serions-nous tous au bord d’une crise climatique sans précédent ? Aurions-nous griffonné autant de pages à en abattre l’Amazonie, ou publié du contenu virtuel à en rendre exsangue la terre des ours polaires ? En clair, si seuls ceux qui ont vraiment une idée lumineuse l’ouvraient, nous serions tous les habitants d’une terre saine et pérenne. Hein ? Non, je ne prends de grossiers raccourcis. Ce qui est vrai pour les scribouillards de mon espèce qui rêvent du Goncourt sous prétexte qu’ils ont publié trois chroniques dans un webzine (vous marrez pas, j’en connais), l’est aussi pour…. Tout le monde. Ici, ce sont les musiciens qui nous préoccupent. Est-on tout de même certain que tout ce qui est publié mérite vraiment de l’être. Par exemple, cet album d’un trio, sur le papier formidable, était-il essentiel ? A l’heure du grand gâchis, s’agirait d’être plus sélectif quand on sort un truc. C’est bien joli de jouer les bobo-écolos-végan-machins, mais faudrait voir à ne pas systématiquement être en désaccord avec soi-même.

(Mais, il compte nous parler musique, ou est-ce qu’il va nous engueuler toute la soirée ?) JE NE SAIS PAS, J’HESITE !

Je suis donc resté dubitatif. Mélanger SONIC YOUTH, SUNN 0))) et le FIRE ! ORCHESTRA, houlà là… Et à la première écoute, ça retombe comme un soufflé. C’est brouillon, c’est approximatif, chacun vient avec ses billes sans vraiment vouloir les mélanger avec ses camarades. Moore fait du Moore, etc…. Toujours à la première écoute, c’est Gustafsson qui tire le mieux son épingle du jeu. Il faut dire que le sieur n’est pas du genre économe. Il « envoie le pâté » pour reprendre une expression que je trouve particulièrement laide. Mélanger le Freejazz au doom, en soit, ce n’est pas révolutionnaire. D’ailleurs, rien ne l’est dans ce disque, vous pouvez déjà vous détendre à ce propos. Ah ça, oui, ça fait du boucan. Mais finalement, ça ne fait pas beaucoup de mal. C’est assez anodin. A force d’écoutes, on voit bien où l’alchimie a commencé à prendre. C’est d’ailleurs dommage, mais le fade out intervient au meilleur moment… L’association des deux guitaristes est à la fois tellement attendue… et tellement convenue, qu’on se demande bien à quoi tout cela rime. Etait-ce vraiment nécessaire ? La deuxième partie du disque viendrait presque à me donner tort car Moore ne se contente plus de faire du boucan, mais injecte une petite touche de psychédélisme, propre à la période « Washing Machine »… Seulement, une fois de plus, on a l’impression de trois musiciens venus faire le job. C’est à se demander si les trois gonzes ont joué ensemble et si les notes de pochette ne l’affirmaient pas haut et fort, on serait en droit de douter… C’est pas qu’on s’ennuie, c’est qu’on... Ben si, en fait, on s’ennuie un peu, il faut bien l’admettre. On écoute trois musiciens de renoms répéter. Mais il eut s’agit de trois illustres inconnus, ce disque n’aurait sans doute même pas fait l’objet d’une parution. Dans les remerciements, on croise Dälek. Et là, on se prend à rêver. Aurait-il fallu un quatrième larron pour que prenne la mayonnaise ? Ça aurait eu sacrément de la gueule avec Dälek dans la boucle, à mon avis. Toujours est-il qu’il n’est pas là. Et que je retombe donc sur ma question… Si ce disque n’est pas déshonorant, il est clairement dispensable. Il y a bien quelques envolées spectaculaires, mais trop rares pour justifier une parution. Et à l’ère de la destruction massive, où nous devrions décroître très rapidement, multiplier les sorties inutiles, gourmandes en énergie, en pollution… Enfin, vous voyez ce que je veux dire. A l’heure où nous allons tous crever, était-ce nécessaire d’ajouter une cartouche de plus dans la rafale qui viendra à bout de nous ? Habituellement, je trouve une fin heureuse qui raccorde avec mon intro, un truc où le lecteur se dit : « Ah ok, c’est là qu’il voulait en venir ! ». Mais pas là. Pas envie. Je vais même vous dire… Si les vapeurs de mon insouciance s’évanouissaient dans l’obscurantisme primaire d’une diatribe absconse et pompière, et ben, ça me ferait ni chaud ni froid. C’est dire !

THURSTON MOORE – MATS GUSTAFSSON – STEPHEN O’MALLEY – Born Without Word / At A Worn
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