La piqûre est insonore. Les variations infimes. Et les flottaisons intimes. Le drone, l’ambiant, des musiques exigeantes qui mettent à l’épreuve la patience et l’attention. A moins de se laisser embarquer, de se laisser porter. De se laisser faire, et là… C’est un peu comme en amour, si on se laisse aller, on se laisse faire, on perd ses repères, on erre secondaire, et le temps soudain ne s’étire plus, il se suspend, s’arrête, file sous les pigments. Kevin Drumm a sorti, en 2018, ses « Inexplicable Hours », celles que l’on ne saisit plus car les sens ont fondu, celles que l’on ne compte plus. L’ivresse est une folle passion qui parcourt les corps d’un pôle à l’autre. La musique de Kevin Drumm est rampante, lancinante, mais jamais noire, jamais négative. C’est une texture électronique, glissante et délicate, sans agression ni accélération, mais qui tempère à la hausse la perception charnelle que l’on peut se faire du vide universel.